Vendanges : Les grappes, la crise et l’art de jongler avec les marges
Finale spectaculaire : Les Chardonnays arrivent en-haut des routes à Loisy-en-Brie durant la dernière journée des vendanges, en pleine forme comme au début, saines et avec un goût imbattable.
Réjouissons-nous : un climat clément nous a rendu une jolie sélection de vins à élever en 2020.
Ils seront prêts dans quelques années quand nos expériences de cette année tourmentée se seront transformées en mauvais souvenirs d’un rare manque d’élan que nous partageons tous. Pour garder son calme : le jardinage le fait très bien, couper des raisins aussi.
La première journée des vendanges : les Pinot Meuniers du bas à Loisy-en-Brie avec une maturité impressionante et suffisants en quantité pour ne pas couper celles qui ne convenaient pas en raison de l’échaudage.
La marge du climat : En Champagne, les bourgeons se sont épanouis dans les vignes début avril sous le ciel magnifique du confinement.
Chaque année, les vignes nous font comprendre que nous travaillons dans un climat transformé, la pluie est un phénomène des saisons froides principalement.
Pourtant, les grappes ont gagné un peu de poids avec des petites pluies d’été sans attraper de maladie. Résultat : Des petites grappes en excellente santé, toujours certifiées Viticulture Durable (plus d’info dans le paragraphe sur Notre histoire).
La marge des grappes : Environ 85 jours entre la floraison fin mai et le début des vendanges le 24 août. Assez loin des 100 jours qui étaient la règle auparavant.
La normalité n’existe plus comme nous l’avons compris il y a quelques années déjà.
En 2020, nous sommes revenus de vacances avant le 1 août pour mesurer les sucres des grappes : c’est la base pour décider quand couper la première grappe avec en plus la dégustation des baies évidemment.
La décision s’est compliquée parce que les Pinots murissaient à grande vitesse pendant que les Chardonnays semblaient freiner tout d’un coup sur la dernière partie de la maturation.
Le déroulement des vendanges s’est compliqué car les raisins noirs murissaient normalement alors que les raisins blancs freinaient tout d’un coup. Chaque année a ses propres soucis. Comme nous logeons l’équipe, nous ne pouvons pas décaler le travail pendant des jours une fois démarrée. Nous devons trouver le meilleur compromis tout de suite. les vendanges en vert cet été se sont avérées pour nous comme un élément décisif car cette diminution du nombre de grappes a aidé les Chardonnays restants à mûrir finalement.
Nous avons reculé le début de 3 jours qui ont donné aux Chardonnays le temps d’acquérir un bel équilibre entre les sucres et l’acidité car les vignes étaient peu chargées.
Pendant l’été, Alain avait enlevé des grappes qu’on a jugé être de trop en évaluant nos besoins par rapport à la décision interprofessionnelle sur le quota à cueillir.
Moins de raisins mûrissent plus vite donc la decision de faire des vendanges en vert a été bien utile cette année.
Juste à l’heure : Des visiteurs danois la dernière journée des vendanges 2020. Dans les Chardonnays à Loisy-en-Brie.
Nos visiteurs durant les vendanges n’avaient jamais gouté les grappes. Ils ont apprécié de le faire dans les vignes.
Cela reste le meilleur endroit pour débuter sa découverte du champagne.
Et quel soulagement pour nous de recevoir des hôtes à Soulières. Avec les masques à l’intérieur, c’est comme cela en cette année étrange. Nous allons continuer à faire au mieux pour réussir et passer ce cap.
8.000 kilos de grappes par hectare sonne comme beaucoup. En fait, c’est plus de 20% en moins que les 10-11.000 kilos habituels. Nous trions dans les vignes directement et choisissons les meilleures grappes en laissant celles qui sont moins mûres ou échaudées. Les raisins restants sont transportés aux pressoirs et ceux qui sont de trop sont distillés. Rien n’est perdu avec ce fonctionnement et nous en sommes fiers.
La marge de la crise : Nous n’avons jamais cueilli aussi peu de grappes (32 tonnes). Nous n’étions jamais si peu de personnes dans les rangs. Nous espérons que nous n’allons plus jamais faire si peu de bouteilles dans l’avenir.
Peut-être avez-vous entendu parler de la “guerre du Champagne” ? Un compromis compliqué a été trouvé entre les maisons de champagne et les vignerons, chacun avec ses propres restrictions et considérations. Donc le désaccord a trouvé son compromis.
En raison de notre petite taille et ce quota minime, nous n’avons pas pu élaborer un parcellaire cette année. Les investissements sont trop importants et la logistique impossible.
Par contre nous alimenterons notre gamme Classique avec de beaux vins.
Des Chardonnays dans les caisses avant d’être transportés aux pressoirs à Vertus quelques kilomètres plus loin.
L’abondance de la qualité : Aujourd’hui la plupart des premières fermentations alcooliques sont terminées. Les fermentations malolactiques pour les vins qui ne sont pas destinés pour des millésimes sont en train de démarrer. Les raisins ont été d’une qualité telle que des vins prometteurs avec un bon niveau d’acidité sont en route.
Trop tôt encore pour qualifier l’année mais impossible pour nous de ne pas imaginer quelques belles cuvées avec ces raisins noirs très mûrs et des raisins blancs sur des arômes classiques d’agrumes plutôt que des fruits cuits de ces dernières années.
Nous espérons élaborer des belles cuvées avec ces fruits de 2020.
Entre-temps nous proposons nos champagnes parcellaires de 2013, 2014 et 2015, le rosé, et les millésimes Blanc de blancs (2013) et Sélection (2008/2010).
Nous avons hâte de recevoir de vos nouvelles.
Amitiés des vendanges, Alain Gérard & Solveig Tange,
Soulières, septembre 2020
La dernière pause en plein air. Le café et les biscuits sont appréciés après la cueillette de quelques centaines de kilos de raisins ou le portage des seaux de tous. Cette équipe est la plus petite depuis 2003 : un mélange de gens de Reims, de Sedan dans les Ardennes avec un peu de Bretagne et de Normandie.